J.Fretti, ma première restauration

Aujourd’hui je vais vous parler de ma première restauration effectuée il y a de cela quelques années, et de tout ce que j’ai appris grâce à ce vélo .

Alors que je m’etais mis dans le monde du vélo depuis quelque temps et que j’avais fini de monter mon premier vélo : un course avec un cintre droit type fixie mais avec des vitesses, je me suis aperçu en commençant à fouiller et trainer sur les forum que les vélos avaient des tailles, que la mesure de ces tailles était assez simple, et que jusqu’à présent , je ne roulais pas forcement sur un vélo adapté à ma taille. En gro, je trouvais un vélo, je montais dessus, j’ajustais la hauteur de selle, mais je ne me souciais pas de la hauteur de cadre. Pour le velotaf et pour rouler en ville, cela ne m’avait pas posé de problème particulier. C’est donc en écumant les forum et en échangeant que j’ai appris comment mesurer les vélos et surtout, comment trouver une taille qui me corresponde mieux.


J’ai donc réalisé qu’avec mon mètre 87, la taille du vélo devait être aux alentours de 60cm , du milieu de pédalier jusqu’à l’endroit où rentre la selle. Certains puristes préfèrent mesurer d’axe en axe, là où se rencontrent le seat tube et le top tube J’avoue que la première option me va très bien et est plus simple. Je me suis donc mis à chercher un cadre de 60cm, et je me suis rendu compte que ça ne court pas les rues… En France on n’est pas particulièrement petit, mais au delà d’ une certaine taille il est difficile de trouver chaussure à son pied, au sens propre comme au sens figuré. Que ce soit pour les vêtements , les vélos taille XL, et même les chaussures, au dela du 45, rien, et c’est embêtant …..

Bref, je trouve ce vélo sur Le Bon Coin et comme d’habitude, je m’empresse d’aller l’acheter. Cet achat m’entrainera bien plus loin que dans la recherche du vélo à ma taille. Il me fera découvrir, chercher et restaurer à l’original ce magnifique vélo et l’histoire qui va avec.

Ce vélo est donc stické J.Fretti Grenoble, mais impossible de trouver d’autres indications. Après moult recherches, j’ apprends que J.Fretti était un vélociste grenoblois, mais je ne trouverais rien de plus. Je n’ai jusqu’à ce jour jamais vu d’autres vélos marqués à ce nom sur Grenoble ou dans la région. Des Routens, des Hugonnier – Routens, des Libéria , des Pinsello oui, mais pas des J.Fretti. J’ai même retrouvé un course stické Hugonnier datant des années 80, mais pas de J.Fretti. J’ai peut-être là un des derniers survivants.

Une fois en possession du vélo, intrigué, je me suis mis à faire des recherches, car il me semblait qu’au vu des équipements , de la déco et du style, j’avais entre les mains un vélo d’une autre époque . Le vélo a été acheté presque dans état original. J’ai juste changé le cintre, car celui d’origine était plié , le levier de vitesse et le dérailleur arrière, qui eux, étaient plus modernes que le reste du vélo.

Pour le cintre, j’ai mis du temps à en retrouver un de cette taille et de cette forme si particulière . Le seul cintre qui s’approchait le plus esthétiquement de celui d’origine, je l’ai trouvé chez Nitto, et neuf. Me voilà donc en train de commander un cintre qui coûte plus cher que le vélo …

Ensuite, je me suis occupé du dérailleur et de son levier. Le levier n’était pas d’origine car on voyait bien que là où il y avait une brasure, il y avait maintenant un collier. La brasure avec le pas de vis a été limé à un moment donné et le levier Huret installé avec un collier.

C’est en voulant savoir quel type de dérailleur avait bien pu équiper ce vélo que j’en ai appris un peu plus quant à la période où il avait été fabriqué . Après quelques photos partagées sur des forum, et quelques échanges , j’ai appris que ce vélo datait des années 40. Il me semble même qu’on m’a donné une fourchette plus précise mais je ne m’en rappelle plus… Une fois la date identifiée, et après quelques recherches et des questions (plein), j’en viens à trouver qu’il lui faut un dérailleur Simplex modèle Tour de France.

Me voilà donc à la recherche de ce dérailleur chargé d’histoire et de son levier d’époque . Une fois acquis, il me faudra un peu de temps et beaucoup d’essais pour le monter correctement. Ce dérailleur, aussi rudimentaire qu’il soit ne se monte pas comme un dérailleur moderne, il fonctionne à l’inverse, c’est à dire que quand j’actionne et tire le levier, la chaine va sur les petits pignons. Au ”repos” avec le levier non actionné , la chaine est sur le plus gros pignon. Shimano a repris ce système de fontionnement dans les années 90, et Grant Petersen de Rivendell ne jure que par ce type de dérailleurs. Ce qui est compréhensible , dans la mesure ou si il ne fonctionne plus, la chaine sera sur le pignon le plus facile à rouler et non la vitesse la plus dure. Si on ajoute au fait que ce dérailleur est inversé, et qu’il faut donc changer ses habitudes quant à son utlisation, cela se complique davantage quand il faut actionner le dérailleur avant, lui aussi de marque Simplex qui répond au doux surnom de dérailleur ”suicide”. En effet, ce modèle de dérailleur avant, appelé modèle Juy, du nom de l’inventeur de la marque Simplex, Lucien Juy, a été surnommé le dérailleur ”suicide”. Pourquoi ? Car il n’est pas aisé à manoeuvrer, et que le coup de main pour apprendre à s’en servir peut vous enmener droit dans un fossé. Pour changer de plateau, en plus de se contorsionner pour atteindre le levier , il faut savoir doser justement pour que la chaine ne frotte pas, tout un art. Un art assez rapidement oublié quand ont été créés les leviers qui se placent de chaque côté du tube. Une innovation simple qui a sûrement évité plein d’accidents !

Et c’est ainsi que commence le démontage complet du vélo pour une restauration en bonne et dûe forme. On démonte tout, on dégraisse, on regraisse. On change les clavettes du pédalier car elles ont du jeu, et comme d’habitude il y en a toujours une qui ne veut pas sortir… On démonte les moyeux et on les graisse. On passe les jantes et les rayons à la paille de fer, la plus fine possible pour enlever les traces de rouille. C’est de loin la partie la plus pénible et la plus longue… On fait aussi toutes les autres parties chromées du vélo en plus des roues, potence, tige de selle, pédalier , pédales. On démonte celle-ci et on regraisse. On enduit la selle Idéale en cuir d’une graisse spéciale. On écarte un peu la potence pour faire passer le cintre qui n’a pas le même diamètre que celui d’origine, tout en évitant de le rayer car il est neuf.

Une fois que tout ça est fait, on lui monte des pneus et chambres à air neuves, on installe la guidoline coton Velox comme à l’époque et on câble le tout. Quand tout est fini on admire son travail et on roule !

C’est un vélo que j’ai principalement utilisé en ville pour accompagner mes enfants à l’école et faire diverses courses. J’ai fait aussi quelques ballades le long des digues. Depuis, il dort dans un garage mais quand je le sors et que je le regarde je le trouve toujours aussi beau. Le regarder me rappelle aussi mes débuts dans le monde du vélo, il n’y a, au final pas si longtemps de ça. J’aime toujours autant chercher des vélos rares, moins les restaurer complètement car cela demande du temps, et je préfère maintenant avoir ce temps pour rouler.

Si jamais vous n’avez jamais restauré une vieux vélo , n’hésitez surtout pas ! Entre la recherche du vélo, la restauration et la mise en route, c’est une super aventure qui vous fera apprendre plein de choses et sûrement rencontrer des gens. Cela vous occupera bien la tête, une bonne thérapie !

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