Les vélos et Robert Doisneau s’exposent

Qui ne connait pas Robert Doisneau et ses photos, qui mieux que lui a su photographier la France, le Paris d’après guerre en jetant son regard curieux en quelques déclenchements de Rolleiflex. Qui a su graver sur pellicules ces instants volés à la fois simples et émouvants, qui des années après, nous renvoie à notre quotidien, à la fois si banal et tellement extraordinaire.

Aux travers d’une exposition lui étant consacrée à Grenoble au Couvent Sainte Cecile et un magnifique livre sorti aux éditions Glénat, Robert Doisneau nous montre un champ inédit de son travail, mais surtout comment il a su illustrer à travers son regard aiguisé les changements dans la société française.

On y apprend que Robert Doisneau n’était pas un ferru de cyclisme et qu’il n’a de lui même jamais travaillé le sujet en tant que tel. C’est en cherchant dans les archives que ses filles, légataires de la fondation Doisneau, ont réussi à extraire autant d’images liées à la bicyclette.

Grâce à cette exposition, on voyage à travers le temps depuis le début des années 30 jusqu’au milieu des années 80. On peut voir et analyser les changements profonds de la société au travers de ces 120 photos. On y apprend qu’à la fin des années 30 et après tous les acquis sociaux gagnés par le Front Populaire, le vélo a permis aux Français et Françaises de s’émanciper et de profiter du temps libre qui leur était octroyés. Car oui, le vélo, avant ces avancées sociales était surtout destiné aux classes aisées, et c’est grâce à ces mêmes avancées sociales qu’il s’est démocratisé et a permis aux ouvriers et plus largement au peuple, de s’émanciper et de trouver de la liberté avant que l’automobile vienne reléguer et remiser toutes ces bicyclettes dans les caves et greniers…

Cette exposition nous rappelle aussi que pendant la seconde guerre mondiale et sous l’occupation, la bicyclette était le seul moyen de locomotion pour les Français, utilisé par toutes et tous, à la ville comme à la campagne. On ne compte plus le nombre de résistants et résistantes se déplacant à vélo pour combattre les nazis. La bicyclette était le moyen de locomotion le plus simple et efficace pour se déplacer sur de courtes et longues distance sans attirer l’attention. Et comme tout le monde à cette époque, Robert Doisneau lui-même parcourra Paris en vélo pendant l’occupation et surtout à la libération, pour utiliser les deux seules pellicules qui lui avaient été octroyées afin d’ immortaliser ce moment historique. Car oui, les pellicules, et même les pneus en caoutchouc étaient devenus une denrée rare et de luxe pendant ces temps au combien difficiles.

Si jamais vous n’êtes pas loin de Grenoble, n’hésitez à faire un tour à l’expo qui est visible jusqu’au 21 janvier. Le lieu est beau et rend hommage aux photos qui sont magnifiques. Et si vous n’avez pas le temps, ou que vous n’êtes pas du coin, les éditions Glénat ont publié un magnifique livre avec toutes les photos, livre que je possède car offert pour mon anniversaire.

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