Pose ton gun, bad boy pose ton gun

Pendant ce tour,  comme à chaque périple, j’ai rencontré beaucoup de gens très intéressés par le vélo. Ils arrivent avec les yeux brillants de curiosité et les questions fusent :

D’où êtes-vous partie ? Depuis combien de temps êtes vous sur la route? Qu’est ce que c’est comme type de vélo ? 

Et souvent, comme ça doit toutes nous arriver, le traditionnel : 

 « Et vous voyagez seule, vous dormez ou ? Vous n’avez pas peur, en temps que femme, seule dehors ? » 

Souvent c’est suivi d’un regard inquiet qui balaye les alentours pour vérifier si vraiment, il n’y aurait pas 2 au 3 tueurs en séries planqués derrière les platanes …

La question est toujours posée avec beaucoup de gentillesse, sans condescendance,  par des gens qui affichent une mine soucieuse.

Des anciens, des jeunes , des femmes, des hommes , des cyclistes . En France , en Espagne , en Suisse …

Souvent je réponds en souriant «non , je suis avec mon vélo » pour atténuer l’inquiétude  que je  lis sur les visages de mes interlocuteurs du jour. Mais je sens bien qu’ils ne sont pas hyper convaincus par mon discours …

A force de rassurer les gens, j’ai fini par me poser la question en roulant  : est ce que je n’aurai pas peur en fait de voyager seule à vélo ? 

Oui j’ai peur :

De me faire percuter par une voiture 

De chuter,  de me faire très mal et de ne pas pouvoir remonter sur mon vélo 

De me faire piquer mon bike 

De tomber en panne d’eau dans un endroit bien sec 

Maintenant, je le sais, de m’ennuyer quand ça devient trop long 

D’avoir une onglée de l’enfer en descendant un col sous la pluie

Des crevaisons

De rater le train du retour 

De paumer mon téléphone et ma carte bancaire alors que je traverse l’ Espagne 

Et des souris, vraiment beaucoup, même si  ça n’a rien à voir  

© photo Pierre Morel

Je ne suis pas  quelqu’un  de spécialement courageux  et encore moins une experte de l’aventure  à vélo. Et si, en 2 ans de bikepacking, j’ai déjà coché tous les points de la liste énoncée  plus haut, avec plus ou moins de brio, je n’ai  vraiment jamais rencontrer l’ombre d’un serial killer, qu’il soit ou non planqué derrière un platane.

Ni un autre humain particulièrement doté de mauvaises intentions vis à vis de moi parce que j’étais une femme qui voyage seule dehors.

Si en plus de devoir apprendre à régler les problèmes inhérents au bikepacking, je devais me soucier de ce genre de mésaventures, je n’aurais peut-être pas franchi le pas moi non plus, de partir sur les routes en tête à tête avec mon vélo .

Mon propos n’est pas destiné à ridiculiser les personnes qui n’ont pas encore osé voyager seules par crainte d’une mauvaise rencontre, ni de froisser qui que ce soit . Ni d’inviter à l’imprudence. 

Juste, je me rends compte en discutant avec ces gens inquiets, le cadeau que ça peut être d’avoir été baigné dans un environnement qui l’était moins (inquiet) pour moi, en temps que femme .

Qui m’a plutôt permis d’apprendre que la plupart des risques étaient maîtrisables par l’apprentissage de  compétences techniques, de matériel adapté, et d’un peu de chance aussi de temps en temps … 

Si vous avez dans votre entourage une personne qui a envie de se lancer sur la route seule avec son vélo, (ou à pied , à cheval , mais pas en trottinette), soyez bienveillant, ne lui faites pas porter vos angoisses, vous risqueriez de couper l’herbe sous le pied  à une belle envie d’évasion en solo sous prétexte que : « on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise rencontre » . 

Encouragez la ! 

Conseillez lui d’apprendre à trouver des endroits safe pour dormir dehors. Offrez-lui un  bon éclairage pour rouler la nuit. Une doudoune, des gants, ou encore une couverture de survie. 

Ça ne sert absolument à rien contre les tueurs en série mais ça sera d’un grand secours pour affronter les vrais risques que l’on prend en voyageant à vélo seule.

En conclusion :

Texte par Marion Meriguet

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Adrien Zammit
1 year ago

Merci Marion pour ce petit texte! Vive le bikepacking, le voyage, l’évasion, seul·e ou entouré·e d’ami·es, on s’y frotte tous et toutes à des peurs et on en sort grandi·es, bien dans sa tête.

Poney
Poney
1 year ago

Après avoir lu ça, plus aucune excuse de pas aller faire de l’ultra en vrai.
Merci pour ces mots qui ont su arriver au creux de la bonne oreille 🙏🔥