Rencontre avec Jean-Paul Routens

Le nom Routens, pour moi c’est d’abord un magasin à Gières, où j’allais traîner de temps en temps avec un ami qui était dans un club cycliste. Il me parlait souvent de ce magasin, des vélos Routens, de montage Campagnolo, avec des étoiles plein les yeux. Pour moi à l’époque, le vélo était plus un moyen de déplacement, de fun dans la forêt ou sur des terrains de BMX, et j’avoue que n’importe quel vélo entre les jambes me satisfaisait. Je me souviens encore du VTT Stablinski ‘’champion du monde’’ en 26’’, que mes parents m’avaient acheté dans une grande surface, et pour moi c’était le meilleur vélo du monde. Surtout après avoir économisé et avoir acheté des cornes et la sacoche de cadre qui permettait de mettre le vélo sur l’épaule, accessoires ultra tendance des 90’s, qui une fois en ma possession m’ont permis de m’éclater encore plus avec ce VTT, et c’était là l’essentiel.

Swiper pour voir la galerie – © photos Davy Berruyer

Revenons au magasin Routens, j’y allais donc de temps en temps et je regardais avec envie tous les beaux vélos et accessoires en stock, et si le vélo n’était pas ma passion principale à l’époque, ce magasin et ce nom m’ont toujours fait rêver.

Quand je me suis (re)mis aux vélos, à les acheter, les rouler, les collectionner, des années plus tard, je me suis rendu compte que d’une, je pouvais trouver des vélos Routens d’occasion pas chers, et de deux qu’il y avait bien plus de choses qui se cachaient derrière le nom Routens que je ne le pensais. Car oui, l’histoire Routens est une histoire de famille, et avant Jean-Paul il y a eu Jo, son père ! 

C’est en m’intéressant de plus en plus aux vélos anciens d’après guerre et surtout aux randonneuses, que je me suis rendu compte que l’histoire des vélos Routens avait commencé bien plus tôt que je ne le pensais. Et que le nom Routens était associé à l’âge d’or du vélo.

© photo Davy Berruyer

Revenons donc à Jean-Paul, le fils, qui une fois l’entreprise reprise, a su la moderniser et la faire avancer au-delà de toute espérance. Jean-Paul a repris le magasin à Gières en 1975 après avoir négocié un deal avec son père. Il s’est formé gratuitement avec lui pendant un an, et c’est son père qui une fois l’entreprise transmise a travaillé à son service gratuitement pendant l’année suivante, un moyen simple de transmettre tout en douceur l’entreprise familiale, et de permettre à Jean-Paul de se mettre sur les rails. Jean-Paul a su dynamiser et faire evoluer son entreprise, avec sa femme, aussi vite que les grosses marques proposaient de nouveaux composants et des innovations! Il est devenu l’un des plus gros fournisseurs de pièces détachées en France. Il faisait fabriquer les pièces dans les fonderies de la région et tous les prototypes étaient usinés au magasin.

© photo Davy Berruyer

C’est lui qui fournissait aux  plus grandes marques de l’époque tels que Peugeot, les accessoires dont ils avaient besoin. De nombreux cadres haut de gamme de marques françaises réputées ont même été brasés chez lui, tels que les Services Courses Amateur de chez Peugeot, ou les Motobecane Equipe pro. Il a été le premier dans les années 90 à proposer un catalogue de vente par correspondance, l’équivalent de la Redoute mais pour le vélo, avec tous les accessoires, vélos, marques de l’époque. Des marques françaises, japonaises, italiennes, américaines, etc. Il a sponsorisé des équipes professionnelles, fabriqué des vélos sur mesure pour monsieur et madame tout le monde, et pour les plus grands champions et championnes cyclistes. Tout ce qui avait un lien avec le monde du cyclisme, il l’a côtoyé.

Swiper pour voir la galerie – © photos Davy Berruyer

Ca faisait un moment que j’avais en tête de le rencontrer, nous avions déjà échangé quelques mails suite à des vélos Routens en ma possession, mais je voulais le voir en vrai. C’est en vendant  une randonneuse mixte Hugonnier Routens a quelqu’un, que j’ai pu le rencontrer et passer une belle journée avec lui. Car la personne m’ayant acheté la randonneuse, l’a faite récupérer par jean-Paul lui-même pour la faire restaurer, car oui depuis qu’il est à la retraite, Jean Paul Routens reste actif dans le monde du vélo, car c’est un passionné. Il a un site ou il vend des pièces Vintages, il restaure des randonneuses, et fabrique certaines pièces pour les remettre en état, tel que le fameux dérailleur avant que l’on trouve sur les randonneuses de son père. Il a même fait refabriquer les badges et decalco Jo Routens et Jean-Paul Routens à l’identique pour pouvoir complètement restaurer ces merveilles du passé. 

Swiper pour voir la galerie – © photos Davy Berruyer

J’ai passé une agréable journée avec Jean-Paul qui m’a montré des tas de choses incroyables. Les dernières randonneuses de son père  et sa mère , des pièces rares, telles qu’un pédalier TA en manganèse axe titane  conçu spécialement pour lui, des moyeux Maxi-Car appartenant à son père et qui n’ont jamais été commercialisés. Il m’a raconté des tas d’anecdotes, m’a montré des cadres uniques dans tous les styles, une randonneuse  à cintre plat qu’il s’était fabriqué pour rouler sur les chemins en montagne, un ‘’Gravel’’ avant l’heure. Il y avait  tellement de belles pièces que je ne savais plus où donner de la tête!

© photos Davy Berruyer

Quand je suis arrivé il était en train de remonter un des ses vélos de courses fabriqué par son père, pour faire la mythique 21 quelques semaines plus tard. Un magnifique cadre Routens rouge à hauban croisé dans le pure style Routens, avec les pièces les plus légères de l’époque !

Ce fut une journée riche et passionnante entre passionnés, et j’ai hâte de retourner le voir pour d’autres reportages !

© photos Davy Berruyer

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Abadam
Abadam
1 year ago

Superbe !! Hâte de lire la suite