Le Mortier 3ème édition, patience et abnégation

Depuis ma première sortie au Mortier avec Denis, je voue une certaine fascination pour cet endroit et son passage au travers de la montagne. J’y suis retourné seul avant l’hiver, en venant de la Sure et en traversant le tunnel. J’y ai essuyé un orage terrible une fois de l’autre côté, lacéré mon pneu arrière en deux, explosé la seule chambre à air de secours en ma possession, et j’ai donc dû finir à pied jusqu’à Noyarey où mon père est venu me chercher en voiture… Entre temps j’ai perdu mes lunettes POC sur le chemin et ai abîmé ma jante arrière en essayant de descendre à plat… Une journée épique pleine de bons souvenirs…

J’avais donc en tête depuis ces dernières péripéties d’y retourner en essayant de trouver d’autres chemins à explorer. En passant de loin, je voyais bien qu’il n’y avait plus (trop) de neige et que ça devrait aller. Me voilà donc en train de programmer cette sortie, pour découvrir ce nouveau passage. Et quoi de mieux que de trouver quelqu’un pour me tenir compagnie. Après plusieurs messages sur le Gram, et suivant les disponibilités de chacun, je me retrouve à donner rendez-vous à Robin en bas de chez moi pour une petite sortie pré printanière. Connaissant le terrain et la longue descente depuis le Mortier, j’ai voulu changer mes 700x50mm sur mon Bearclaw par des 27.5×3” pour plus de confort. En voulant enlever l’axe de la roue avant, je me suis aperçu que le pas où on rentre la clé Allen était mort, impossible de retirer l’axe sans faire de la chirurgie, et donc impensable de prendre ce vélo pour cette sortie… Me voilà donc en train de préparer mon Kona Libre en dernière minute pour cette expédition, car oui , une expédition ce fut !

© photo Davy Berruyer

Robin avait décidé pour cette sortie de prendre et tester son nouveau joujou, un Trek 1120, monté avec des drops, 12 vitesses ( merci le kit Ratio), une suspension Yari 150 mm et des pneus en 29×3, autant vous dire une sortie sous le signe du confort, du genre je roule dans mon canapé.

Nous voilà donc en route, et quoi de mieux qu’une route sans voiture pour discuter et faire connaissance, car oui Robin et moi ne nous étions encore jamais vus. On roule, on discute du matos, de la vie, etc. On arrive au chemin que j’avais repéré et que je voulais tester, et c’est une réussite ! Il permet d’arriver à Montaud par Noyarey sans passer par les berges de l’Isère, victoire ! On fait des pauses, on se ravitaille, et on attaque la montée du Mortier depuis Montaud. On repère des chemins qu’on essaiera une prochaine fois et on arrive là où  la route est interdite pour les véhicules, sauf les vélos bien sûr !

Swiper pour voir la galerie – © photo Davy Berruyer

On continue à monter et petit à petit la route se recouvre de neige, mais rien de bien méchant. J’avance en mode pas très rapide mais surement avec mes 650Bx48 mm, et Robin lui se fait un parcours de santé avec ses 3”. Après une bonne vingtaine de minutes et beaucoup d’efforts, je décide de pousser, ça sera bien plus efficace. Robin lui avance toujours en pédalant; lentement mais sûrement. Plus on avance et plus la neige est là, encore bien présente… Au bout d’un moment, Robin, lui aussi, se met à pousser à la fois par solidarité, et aussi car ça devient un peu compliqué… Je sais qu’on doit passer l’éboulement et qu’une fois passé, le tunnel n’est pas loin et la descente également. Sauf que ce qui aurait pris 30 minutes tout au plus en roulant prend bien plus que ça en poussant… C’est pas grave, il fait beau, c’est une belle journée pour être dehors et on en profite. Le couac c’est que plus on avance, plus on monte et plus il y a de neige. Je m’excuse auprès de Robin, car je n’avais pas prévu cette partie de pousse-pousse. Si je propose une route, en général, je fais en sorte qu’il n’y ait pas d’imprévus pour les personnes qui m’accompagnent. Mais voilà, on ne peut pas tout prévoir, et de la neige  à cette altitude  au mois de février, c’est un peu normal… Il va vraiment falloir que je prenne la neige plus au sérieux pour les prochaines sorties. On continue à avancer et après un petit moment on arrive enfin à l’éboulement ! Mais un éboulement avec de la neige ça complique encore un peu plus le passage, le portage, et ça ajoute encore plus de risque… Bon an, mal an, on passe l’éboulement sans trop de problèmes, en y allant doucement et en faisant attention de ne pas glisser 200 mètres plus bas, sans aucune réelle solution pour pouvoir s’arrêter… Au moment ou l’on passe les vélos par-dessus plusieurs  couches, mon pied ripe, et je me prends une belle gaufre avec le vélo de Robin dans les bras, le vélo est sain et sauf et moi je m’en sors avec quelques égratignures…

Swiper pour voir la galerie – © photo Davy Berruyer

A ce moment je m’en veux encore plus d’avoir embarqué Robin dans cette galère et je m’excuse  de nouveau auprès de lui. Ça ne lui pose toujours pas de problème et on continue à pousser… On arrive enfin près du Mortier, mais la neige étant encore plus présente, on décide de descendre directement, on reviendra une prochaine fois. Sauf que la descente n’est toujours pas possible, et qu’il y a encore plus de neige, alors nous poussons, encore et encore. On passe plusieurs endroits comme à l’éboulement où le chemin s’est transformé en descente, direct dans un précipice. On avance lentement, et le temps commence à devenir long. Pousser c’est bien, pousser 2h dans la neige, en évitant de tomber dans des ravins c’est autre chose… Je me sens de plus en plus mal par rapport à Robin, et le fait de l’avoir entraîné dans cette aventure, un peu foireuse. Égal à lui même, il me répond que ca ne lui pose aucun problème, et il me remotive quand mon moral est en baisse… Au bout de plusieurs lacets encore enneigés, et sans pouvoir enfourcher nos vélos, nous continuons inlassablement à pousser. On se dit bien qu’à un moment il y aura moins de neige et qu’on pourra enfin faire du vélo. Ce moment arrive par étapes, on essaye de se remettre en selle, mais avec mes petits pneus, j’ai du mal a avancer sans fournir un effort intense en plus d’un numéro d’équilibriste. Robin lui, est plus à l’aise avec ses gros pneus et commence à pouvoir rouler, je lui dis de continuer s’il veut, je le rejoindrai bien à un moment. Sympa comme il est,  il m’attend, jusqu’à que nous puissions enfin rouler sans difficulté aucune, et surtout sans neige ! On prend de la vitesse et on lâche les gaz, moi un peu moins car ayant moins de suspension avec mes pneus, il faut que je fasse attention; Robin quant à lui vole comme sur un tapis volant avec son Monster Truck et s’éclate comme un fou !

Retour sur les berges ou l’on débriefe tranquillement la sortie, en se disant que quand même, que c’était une bonne
journée !!

Le Mortier m’a encore réservé des surprises, et je n’abandonne pas l’idée d’y retourner rapidement, quand il n’y aura plus de neige bien évidemment !

© photo Davy Berruyer

Écrit et photos
par Davy Berruyer

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Éditeur et co-fondateur de Veloculte

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Robin
Robin
2 years ago

Sortie au top, ce fut fort sympathique, la prochaine fois on traverse le tunnel !
Un peu dommage que je n’ai pas pensé à faire de photos, on ne te voit pas du coup