Le tour des Alpes par un grimpeur chypriote

Est-il toujours possible de partir à l’aventure dans les Alpes françaises avec un vélo muni d’un GPS et des équipements de bivouac dernier cri sur des pistes et des routes ? Voilà ce que je suis allé chercher l’été dernier sur ce Tour des Alpes par les cols. L’objectif était de faire une grande boucle depuis Grenoble en parcourant des cols, des pistes muletières et autant de difficultés dans un cadre exceptionnel qu’est celui des Alpes françaises.

Je suis de retour chez moi après deux semaines de vacances et je prépare mes sacoches rapidement, je m’habille, je remplis mes bidons, il est 17h30, c’est le moment de partir. 

Même si ça fait six mois que je me prépare pour ce moment là, j’ai peur ! Je n’ai pas envie de partir et le stress est au maximum. Est-ce que je vais réussir ? Est-ce que je suis prêt ? Est-ce que c’est une bonne idée ? Pas le temps de répondre, je sors de chez moi et c’est parti.

Première nuit en bivouac en bord de rivière dans la forêt de Premol, presque mystique à cette heure de la journée. Le programme est assez simple : bain froid dans la rivière et flocons d’avoine à l’eau avec une boite de sardines comme repas. De quoi faire rêver !

Cette première montée gravel du voyage vers le plateau d’Emparis donne le ton pour le reste du voyage. Grimper avec un vélo chargé sous le soleil sur une longue montée remplie de cailloux est assez éprouvant. En revanche, descendre sur une belle piste 4×4 et sentir le vélo qui vibre, c’est très vivifiant et cela me fait vite oublier les sueurs de la montée.

Plusieurs aventuriers parlent de rencontres lors de leur voyage et à quel point elles les ont marquées. Personnellement je n’y croyais pas trop, jusqu’au moment où je rencontre Fred, en haut du Col de Sarenne, lors de ce deuxième jour de mon Tour dans les Alpes par les cols. Impossible de refuser son invitation et de ne pas aller chez lui pour manger un bon plat de pâtes au thon, et dormir dans un lit douillet.

La nuit chez Fred et sa femme aux 2 Alpes est presque trop bonne. Comment faire pour partir à l’assaut d’une montée à vélo à 3140 m d’altitude quand on a qu’une envie : rester et discuter autour de bons pains au chocolat et de croissants chauds.

Je n’ai jamais eu le sentiment de peur avant une montée à vélo. En principe, il suffit de pédaler pour avancer et au bout d’un moment l’objectif est atteint. Mais là ce n’est pas pareil, monter au Col de Jandri avec un vélo chargé et arriver au pied d’un glacier, c’est presque absurde. Mais voilà, c’est l’objectif que je me suis fixé. 

Il me faut presque 3 heures ! Entre jurons et poussages, moments de doutes et émerveillements je réussis à atteindre ce glacier. 

Arrivant là-haut les gens me regardent bizarrement, comme si j’étais un grand fou. Finalement, voilà ce qu’il m’a fallu pour me hisser là-haut : un peu de jambes et beaucoup de folie. La récompense ? Une vue magnifique sur le glacier de Mont de Lans mais aussi une descente gratuite en télécabine en solitaire pour admirer toute ma folie sur cette piste que j’ai parcourue en plusieurs heures et que maintenant je redescends sans effort assis dans cette télécabine. Un régal !

Me dire que le Col de Jandri est la partie la plus difficile de la journée est un grand mensonge. La journée vient juste de commencer et d’autres cols m’attendent. Mais c’est ma façon à moi de ne pas me laisser abattre et garder le moral au plus haut. Car devant moi il y a encore le col du Lautaret et surtout le Col du Granon à grimper.  Une bonne journée comme on dit.

Même si je m’abrite à côté de la buvette du Granon et que j’emprunte une couverture à un camping-car d’à côté, la nuit est très froide. Pas idéal quand le sommeil est la seule façon pour vraiment récupérer. Ce n’est pas grave. La descente vers la Vallée de la Clarée, remplie de pommes de pins et racines, me fait oublier mon manque de sommeil et m’oblige à me réveiller et me concentrer sur le pilotage de mon vélo, qui n’est malheureusement pas tout à fait adapté pour ce genre de terrain.

Traverser la frontière franco-italienne au Col de l’Echelle est presque anecdotique, car ce n’est qu’au premier restaurant quand le serveur me parle italien, que je me rends compte que j’ai changé de pays.

Après plusieurs pizzas et quelques kilomètres je me retrouve enfin dans la montée direction le col de Sommeiller. Je ne pensais pas qu’un jour j’allais faire demi-tour sur une montée pour des raisons autres que la difficulté de la pente ou du terrain. Mais la poussière propulsée en pleine figure par les motos et les 4×4 qui passent à pleine vitesse ce n’est pas mon truc. Et je ne vais pas m’infliger ça juste parce que six mois avant j’ai eu la bonne idée de rajouter ce Col dans mon tracé. Je fais alors demi-tour pour boire une bière, afin de me nettoyer la bouche de toute cette poussière. j’en profite aussi pour commander à manger. Cette fois-ci je déguste un bon plat de pâtes avec des champignons et je pars direction la frontière française pour un nouveau col. Court mais intense ce séjour en Italie !

Sur le papier, le prochain col, appelé Col de la Roue côté français et Colle della Rho côté italien, semble presque anecdotique en termes de difficulté comparé aux autres cols des jours précédents. Mais l’objectif de ce tour dans les Alpes par les Cols est aussi de partir à l’inconnu et découvrir des pistes muletières sans forcément beaucoup d’infos à part quelques images satellite. En cette fin de journée ce Col de 12 km et 1200 m D+ devient mon chemin de croix de ce tour des Alpes. Cette piste muletière beaucoup trop raide et rugueuse a raison de moi et m’oblige à pousser le vélo pendant presque 3 heures sous un soleil de plomb ! 

En haut du col, la seule personne que je croise est un berger italien qui ne parle pas un mot d’anglais ou de français, mais qui me fait quand même comprendre qu’il a perdu une de ses vaches. Avec ces jumelles on l’a cherche mais sans trop de réussite. Pensant que la partie la plus difficile est terminée je dis ciao au berger et j’attaque tout souriant la descente direction Modane.

Mais ce n’est pas fini ! La piste se transforme rapidement en chemin de randonnée assez difficile avec des cailloux fuyants et une pente qui m’oblige à m’agripper sur les freins de mon vélo. Puis le chemin disparaît et laisse place à une rivière asséchée avec un éboulis rempli de grands blocs. Avec mon vélo sur le dos, j’essaye de naviguer entre ces blocs mais je glisse et tombe, entrainant mon vélo avec moi. Heureusement j’amortis la chute afin de le protéger.  Je ne me fais pas mal mais le mental en prend un sérieux coup. Je décide de m’arrêter un instant en plein milieu de la pente afin de reprendre mes esprits et manger quelque chose, je suis fatigué ! 

Assis par terre je me demande ce que je fous là et à quel point je ne mérite pas ces paysages magnifiques autour de moi. Je ne suis pas à la hauteur de cette aventure et je ne suis pas sûr de pouvoir la finir. Après encore quelques péripéties j’arrive enfin sur une piste 4×4. Le moral au plus bas, je décide de ne pas passer la nuit dans ma tente et je demande de l’aide pour trouver un endroit où dormir. Quelques personnes me dirigent vers la fromagerie du lavoir, qui connaît peut-être un endroit. Ce soir je dormirais au Gîte des Tavernes. La nuit au gîte est réparatrice pour mes jambes bien fatiguées surtout après un délicieux repas au chaud. Mais le mental en a pris un coup et je ne sais pas comment faire pour la suite. J’hésite même à prendre le train à Modane pour rentrer à Grenoble, mais je décide de ne pas succomber à la tentation, même si mon itinéraire passe juste à côté de la gare. Avec les recommandations de Sylvain, le gardien du Gîte des Tavernes, et vu mon état lamentable, je décide d’adapter mon itinéraire et de passer par le col des Encombres qui est plus sûr et plus facile.

Cette cinquième journée commence pleine de doutes et de questionnements sur la suite de l’aventure. Il fait beau mais ma tête est ailleurs. Peut-être dans le train direction la maison. Je me rends compte d’ailleurs que j’ai dû perdre mes lunettes lors de ma chute d’hier. Je fais abstraction de tout ça et je commence la longue montée vers le Col des Encombres. Lors de celle-ci j’oublie un peu tous mes tracas et je profite de l’instant présent qu’offre cette journée ensoleillée !

Vers la fin de la montée la route se transforme en piste de terre qui me conduit sans trop de problème en haut du Col. Je suis content ! Quelle belle surprise ce col ! C’est fou comme je passe d’une émotion à une autre juste par le biais de l’effort et du mouvement.

En haut du col j’aperçois enfin l’autre versant de cette montagne, et je découvre une piste de terre qui serpente en haut des collines jusqu’à arriver à Saint Martin de Belleville, c’est incroyable !  Je me retrouve entouré de ces montagnes qui culminent à 2800m et cela provoque en moi un sentiment de joie mais aussi de solitude. 

Pour l’instant je vais bien physiquement, mais je ne sais pas si je vais être capable de gérer les coups de moins bien comme celui du jour précédent. Et c’est là où finalement le mental intervient. 

Après un bon repas au refuge de Gittamelon je continue la descente vers Villarlurin. Ne pas avoir des lunettes de soleil sous un soleil de plomb ne m’aide pas du tout. Une fois en bas je ne me sens à nouveau pas bien, la cause ? Peut-être un coup de soleil, la fatigue, la digestion … peu importe. Ce qui est sûr, c’est que je n’arrive pas à gérer ce moment de moins bien comme avant. Être seul n’aide pas non plus à ce sortir de cette situation. Je décide alors de m’arrêter et prendre le temps pour réfléchir sur la suite, car l’envie de jeter l’éponge revient.

Je décide encore une fois d’adapter mon itinéraire afin de me soulager. En réalité, ce nouvel itinéraire n’est pas forcément plus facile, mais mentalement ça m’aide à continuer. Je décide alors de repartir direction le village de Granier pour trouver un refuge pour la nuit, et voir ce que je peux faire pour la suite. J’ai l’impression de vivre une nouvelle défaite…

Le soleil tape assez fort à cette heure de la journée ! Sans lunettes, je commence à avoir mal aux yeux et sur la route il n’y a pas énormément d’endroits pour s’abriter du soleil. En passant par le village de Villette, je décide de demander aux maçons d’un chantier à côté de l’église, s’ils ont une paire de lunettes de soleil à me filer ou une casquette. Ils font le tour de la maison mais malheureusement ils ne trouvent rien. Je n’insiste pas et je continue alors sous un soleil accablant vers la route qui mène à Granier.

Je décide alors de mettre un peu de musique et débrancher complètement le cerveau. Je ne regarde même plus le paysage et j’avance mécaniquement vers mon objectif, le Gîte Pollen. 

Une fois arrivé au Gîte, je suis lessivé ! Les yeux rouges à cause du soleil, les traces de sel sur le maillot et un visage marqué par la fatigue. En apercevant le regard attendri de la gardienne du gîte, je me dis que je dois faire peine à voir. On discute un peu et je lui raconte mon périple. Elle me dit qu’elle travaille au refuge de la Coire plus haut, où je suis censée passer demain. Il paraît également qu’ils ont une tarte aux myrtilles qui est délicieuse. Mais pour l’instant ma tête est ailleurs, je regarde les trains qui partent de Bourg Saint Maurice pour Grenoble. Je n’ai rien décidé mais l’envie est là ! Au gîte nous ne sommes que quatre : un père et son fils qui viennent de Belgique, la gardienne et moi. Le repas est délicieux et le père décide de me payer une bière pour clôturer ce magnifique repas. Après leur avoir raconté ma journée, le fils me propose même de me donner ses lunettes de soleil pour la suite de mon périple. En me disant que de toute façon ils prévoient de rentrer en Belgique demain et que ces lunettes  sont un peu superflues dans ce cas. 

Le soir tout seul dans ma chambre je décide d’appeler ma compagne au téléphone et de lui raconter ce qu’il se passe. Elle essaye de me raisonner ! Il faut que j’arrête de me mettre la pression et que je prenne soin de moi. Simple comme programme, mais quand on est fatigué c’est plus difficile à dire qu’a faire.

Le lendemain je décide de prendre mon temps et de profiter. Cela tombe bien puisque j’avais prévu de dormir chez une amie dans le Val d’Arly, la journée sera donc un peu plus courte. 

Le lendemain matin je mange mon petit déjeuner seul car les deux belges ne sont pas des lève-tôt, et je pars à l’assaut du Cormet d’Arêches, magnifique !

Je prends mon temps, et je m’arrête même au Refuge de la Coire pour goûter cette magnifique tarte aux myrtilles, un pur régal !

Dans la descente qui mène à Beaufort je n’arrive pas à défaire le sourire de mon visage ! Et ce sourire ne quittera pas jusqu’à la fin de mon périple dans les Alpes. Rien ne peut plus me perturber, et je profiterai de tous les moments, bons ou mauvais a venir.

La montée au Col des Aravis en passant par le col de l’Arpettaz et la route de la Soif, est un des moments les plus beaux de ce voyage. Je ne pouvais pas imaginer qu’il serait possible à vélo de se rapprocher autant de cette belle montagne imposante qu’est le Mont Charvin , situé au cœur du massif des Aravis. Une fois arrivé au refuge c’est le moment de se diriger vers le Col des Aravis en passant par la route de la soif. Cette route au milieu des alpages et chalets serpente au pied de la chaîne des Aravis. C’est magique !

A ce moment-là les falaises de calcaire se dressent juste à côté et des nuages de plus en plus menaçants participent à cette scène irréelle. La météo change complètement et la petite journée ensoleillée se transforme en un orage de montagne. Sur le moment je suis tellement happé par la beauté des paysages et le pilotage de mon vélo dans cette piste remplie de cailloux que je fais abstraction des grands nuages noirs autour. Mais c’est exactement à ce moment-là que la crevaison de mon pneu avant me réveille. Mince ! 

Je suis ensuite envahi par un fou rire, car je me dis que depuis le début de mon voyage le soleil brillait, les oiseaux chantaient, et que le seul jour où la météo n’est pas au rendez-vous, j’ai une crevaison ! Je mets une chambre à air neuve et c’est reparti. La pluie commence juste quelques mètres plus tard mais ce n’est pas grave. Au Col des Aravis j’aurais le temps de manger un coup et la pluie s’arrêtera.

Les moments les plus douloureux de ce voyage n’ont pas été les difficultés du parcours mais les départs après les rencontres. Celle qui m’a le plus marqué, est la rencontre avec Olivier et Mathis au bord de la route du village d’Entremont, en direction du plateau des Glières. J’ai du m’arrêter à cause d’une course de vélo assez connue, le Tour de l’Avenir, qui se trouvait sur mon itinéraire. Profitant de cet arrêt, je commence à discuter avec les spectateurs pour savoir s’il y a un itinéraire alternatif, afin d’éviter la route bloquée. Après quelques discussions le temps passe et je me rends compte que je n’ai pas envie de partir, car je sens une proximité avec Olivier et son fils Mathis, qui me fait du bien. Ces gens chaleureux m’invitent chez eux pour manger, boire un coup et me reposer le temps que les cyclistes finissent leur course. Quel paradoxe de vivre un tel moment de partage que m’offre le voyage à vélo et à côté de moi des cyclistes qui foncent à pleine vitesse qui vivent un moment tout à fait différent. J’en profite pour remplir mes gourdes et manger quelques fruits, et c’est pour moi le temps de dire au revoir. Qui sait, peut-être qu’on se recroisera sur un autre voyage à vélo.

Après la montée raide au Plateau des Glières, je me dirige vers la Balme de Thuy, en passant par la plaine de Dran. Même si le paysage est grandiose, je ne peux m’empêcher de penser à la descente qui m’attend.

J’ai passé de nombreuses heures au préalable à tracer mon parcours dans les Alpes, mais il reste des sections où, à part quelques images satellite, rien ne me dit que je vais pouvoir rouler avec mon vélo chargé et mes pneus de 40mm.

Pas grave, car je suis là pour l’aventure et un peu de marche ne fait pas de mal. Après avoir longuement discuté avec des gens sur le plateau des Glières, le mauvais temps finit par arriver. La pluie arrive et le chemin de terre sur lequel je me retrouve se transforme en vraie patinoire. Entre les racines, les rochers mouillés ou la boue, impossible de marcher sans glisser aves mes chaussures de vélo.

Ça me rappelle le Col de la Roue quelques jours auparavant, mais cette fois ci c’est différent, mon mental est là et il n’y a rien qui peut me perturber. La pluie, la boue, les glissades et tout ce qui en découle me fait marrer. Et je suis bien content d’avoir choisi cette option plutôt que la route.

Après une nuit dans une ferme, où je me fais réveiller par les poules et les oies, je suis prêt à attaquer l’avant-dernière journée de mon périple. L’objectif est de traverser le Massif des Bauges et de finir à Chambéry pour dormir chez les grands-parents de ma compagne.

Les Bauges ont une place importante dans mon coeur et ce n’est pas par hasard si je les traverse à ce moment de mon voyage. En 2018, après avoir fait mes premières randonnées dans le Bugey j’avais décidé de partir quelques jours dans un massif plus abrupt et découvrir à quoi ressemblait ce genre de terrain. J’ai décidé alors de venir dans les Bauges car une amie de l’époque, ma compagne aujourd’hui, avait de la famille pas très loin de ces montagnes, et je me disais que cela pourrait être sympa de la voir, me balader dans ces montagnes et pourquoi pas l’impressionner (haha). C’est en regardant tous ces sommets : l’Arcalod, le Colombier, le Margeriaz que ces souvenirs me reviennent.

Allongé sur l’herbe pas très loin du Golet de Doucy, je me sens reposé. Une nouvelle piste 4×4 m’attend mais je me sens apaisé. Je me rappelle les moments passés de ces derniers jours et je me rends compte que le voyage se termine bientôt. Je savoure chaque moment.

Après une bonne nuit et un repas copieux, je suis prêt à attaquer le dernier jour de mon voyage. Pas besoin de beaucoup d’originalité, la Chartreuse se suffit à elle-même : Col du Granier, Col du Cucheron et Col du Coq pour finir en beauté. Cela fait maintenant 9 jours que je suis parti. Je sens une connexion avec mon vélo qui est difficile à décrire. Mon corps sait ce qu’il doit faire, mon esprit aussi. Le fait de pédaler est devenu presque naturel, je ne souffre plus. Les maux de selle ou les courbatures sont devenus mes amis. J’ai l’impression de flotter dans l’air, je me laisse porter et ça fait un bien fou.  Peut-être qu’il faudra faire un voyage un peu plus long pour accentuer tout ça et le ressentir davantage. 

J’attaque la dernière montée de ce voyage ! A quelques kilomètres du Col du Coq, qui marque la fin de ce tour, j’ai déjà les larmes aux yeux. La pente est raide et il fait chaud ! Je sens la fin proche et j’ai envie de rentrer chez moi, me laver, mettre des vêtements propres, m’asseoir sur le canapé, et ne rien faire. Je donne tout ce que j’ai malgré la fatigue. Je me mets en danseuse et je décide de sprinter jusqu’à la dernière épingle !

Je vois au loin des voitures et je devine la fin de la montée. C’est fait ! Je l’ai fait ! Je suis fier de moi ! Je me mets à pleurer et je fais abstraction de ce qu’il y a autour de moi. J’ai réussi !

Deux cyclistes viennent vers moi et me disent « pas facile le Col du Coq hein ? » Je leur dis : « le Col du Coq ça va, en revanche ces huit derniers jours à vélo eux l’étaient moins ». Ils sourient et commencent leur descente. Quelques minutes plus tard, une fois remis de mes émotions je me lance dans la descente. A peine 500 m plus loin, je décide de célébrer tout ça en allant au Snack Bar l’Estive du Haut. A ma grande surprise les deux cyclistes sont là aussi. Je vais au bar pour commander une bière mais ils ne prennent pas la carte et je n’ai plus d’espèces sur moi. Les deux cyclistes voient ça et décident de me payer la bière. On s’assoit tous les trois, pour savourer ces bières et se raconter nos vies de cyclistes.

Ce tour des Alpes était ma première expérience de voyage à vélo sur plusieurs jours, et si je peux retenir une seule leçon de cette expérience, ce serait la suivante :

J’ai commencé ce tour avec une approche de compétiteur et de chasseur de performance. Je l’ai terminé tout autrement. J’étais au final plus proche du cyclotourisme et du vélo de voyage. Je ne sais toujours pas quelle approche est la mieux, mais ce qui est sûr, c’est qu’il existe un équilibre à trouver.

Peut-être que la devise qu’il faudrait suivre, est une phrase grecque que mon père me citait quand j’étais plus jeune : « παν μέτρον άριστον »(pan metron ariston). En français, cela veut dire « l’excellence se trouve dans la mesure ».

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