L’aventure de l’Atelier Rebié


Aujourd’hui, c’est Aymeric qui va nous présenter son travail. Je l’ai découvert quand j’habitais encore à Périgueux. La scène vélo dans le sens où je l’entends, est quelque peu limitée, je venais donc assez régulièrement en terre Bordelaise afin de participer aux différents évènements proposés. C’est en discutant avec les copains que je découvre plus en détails son travail, j’ai tout de suite voulu essayer. Voilà donc près de trois ans que je possède la Hip Pouch, sa sacoche de ceinture et il faut le dire, elle assure autant que lui ! Avec le temps je suis convaincu de la qualité, je craque alors pour une sacoche de rack et quelques autres collaborations.
C’est un vrai plaisir de rencontrer des artisans mettant en avant un réel savoir-faire ainsi qu’un sens de l’écoute réel. Chaque proposition ou retour sera entendu
. Alors quand tout ça est réuni, je ne peux que vous conseiller de vous rapprocher de vos artisans les plus proches et de vous approprier un morceau de savoir faire local.

L’aventure de l’Atelier Rebié a germé assez tôt à travers la rencontre de plusieurs pans de la communauté vélo alternative. En 2016, je rends visite à mon pote Oli à Hambourg. On prend du bon temps en pignon fixe et il me fait apprécier cette culture vélo : bikepolo, squat, magasins des copains. C’est ici que je découvre Benu Bags, un fabricant de sacs messenger de Sankt Pauli et Dock 11 de Berlin. Je comprends alors plus clairement que participer à la communauté vélo de la ville et se bouger pour elle, c’est aussi lui apporter un truc en plus. Ma grand-mère m’avait initié aux joies de la couture et du faire soi-même. Mais la machine à coudre familiale commençait à fatiguer. Les multiples aiguilles cassées me font prendre conscience qu’il est temps de la laisser en paix.


© photo Atelier Rebié & Robin Jaladis

Le déclic

Le chemin faisant et me sentant de plus en plus limité dans ma vie et mon travail de bureau, je me chauffe à acheter une machine à coudre semi-industrielle d’occasion. Le déclic a lieu fin 2018, au moment où l’on me propose mon énième CDD, sans évolution, sans revalorisation. Je décide donc de refuser et de me consacrer à plein temps à la couture de bagagerie de vélo !
Les copains de la Maison Burdigala à Bordeaux me proposent un petit coin pour installer mon atelier et même de mettre quelques produits sur place. La cohabitation est plus que sympathique ! Ça a été un sacré lieu du vélo et de la culture alternative à Bordeaux : on y a fait des expos, des tattoos, des soirées alleycat et on y a sérigraphié nos t-shirts à la cave, bref on l’a bien éprouvé ! Niveau sacoches, c’est la première fois où je me confronte enfin à des demandes personnalisées et des retours d’utilisateurs, ça fait bien avancer.
L’atelier se développe, je me sens quelque peu à l’étroit chez les copains et j’apprends qu’une pote veut sous-louer sa place dans un atelier partagé à seulement quelques rues de là. Direction l’Atelier Bonux ! J’y resterais 2 ans et demi, en colocation avec une belle bande d’artistes tous plus talentueux. C’était un plaisir. Merci encore pour l’accueil, Mélou et Marc notamment ! C’est la période de développement pour l’Atelier Rebié. Enfin un atelier digne de ce nom : un espace de travail à la bonne hauteur, une installation de couturier, des étagères pour les productions et la possibilité d’accueillir tout le monde, et même de faire rentrer les vélos pour prendre les mesures !

Les collaborations

C’est à cette période où je rencontre la jolie bande du Starfish Gang, un collectif de grands amateurs de vélos porn, du Paul comme t’en as jamais vu, du cadre vtt vintage en superbe état et des montages de grande qualité. J’ai justement quelques demandes de sacoches, notamment la fameuse sacoche de porte-paquet Pizzarack, imaginée en grande précision par Thomas Gobleto!


© photo Robin Jaladis

Après les avoir vu passer un par un et après avoir partagé du bon temps à discuter ensemble, on se dit que faire converger nos savoir-faire pourrait être amusant : Sunset Pack 2021 est né ! Du zebra rose pour le funky. Et pour être sûr de s’amuser pleinement, un autre joyeux drille se joint à notre projet en apportant un talent de plus : c’est Tim, aka la personne qui te transforme une mini-vidéo en tournage pro, caméra embarquée sur Bullit et course-poursuite déguisée en zèbre.
Victor, aka Le Minestrone, dessinateur de talent et bon premier pour imaginer des combinaisons loufoques combiné à l’oeil de qualité de Tim ça rend vraiment bien. À cela tu rajoutes des scènes délirantes, ça donne un super cocktail pour essayer de proposer un peu de nouveauté et de fun en bagagerie. Malgré quelques loupés sur le choix de certains matériaux pour la doublure (si tu as eu cette sacoche et que tu as eu un souci avec, hésite pas à me contacter, j’en suis navré), l’expérience a été géniale ! Et je peux même te dire qu’on a remis le couvert cette année : même équipe, fini les animaux de la savane, place à…. autre chose !


Swiper pour voir la galerie – © photo Tim Bsn

Ces expériences de collaboration jalonnent la jeune histoire de l’Atelier Rebié. En réalité, ça a été contre-nature pour moi de me lancer seul : syndrome de l’imposteur, autodidacte, besoin d’échanges, doute de l’inconnu, crainte administrative. Les collaborations offrent la possibilité de questionner mon projet par l’extérieur, de laisser infuser un nouveau regard sur mon activité et de faire se croiser des univers complémentaires et différents pour sortir de l’attendu.

A ce titre, le travail avec les copains de Fonds Perdus a été salutaire ! Le talent qu’ils déploient dans leur démarche de création au sein de leur studio a apporté grandement à la ligne graphique de l’Atelier. On s’est posé, on a discuté, on a fait nos pâtés maison et on a ré-imaginé la charte de l’Atelier. Quelle déstabilisation pour moi de voir d’autres personnes poser leurs regards et leurs pattes sur mon travail, mais au final, quel bonheur ! On voulait continuer à s’amuser ensemble, en apportant encore quelque chose à l’esprit d’aventure que l’on souhaite véhiculer : on est donc allés au fablab, puis dans un autre atelier d’artistes, Zebra 3, pour prototyper et tester notre idée : un porte-filtre pour accompagner la tasse de voyage et le très bon café des copains d’Oracle. On a fraisé numériquement 150 pièces comme on a pu avec les moyens à disposition.


Swiper pour voir la galerie – © photo Tim Bsn

L’une des dernières collaboration en date m’a permis d’explorer un nouveau champ, hors du vélo : la maroquinerie avec La Minutie à Bordeaux. On a pris plaisir à imaginer cette série de bagagerie de voyage (un cabas/sac à dos, une trousse de toilette et une pochette) en travaillant à partir de toile fabriquée en France et de chutes de cuir local. Cette collaboration a été l’occasion de pouvoir discuter d’un point récurrent en tant que petit artisan, à savoir : Où et comment s’approvisionner en matière première ?
Les matériaux qu’on a utilisé sont techniques, limités et plutôt chers. Lorsqu’on s’oriente vers d’autres alternatives moins réputées et connues que le Cordura ou le Xpac et même l’Ecopak maintenant, il est toujours difficile de connaître les propriétés techniques de ces matières mais également de s’approvisionner à un coût intéressant.
La piste du recyclage de matières, que certains ont pris, me paraît très intéressante et m’a traversé l’esprit, même si il y a peu de ressources autour de l’atelier et que l’hétérogénéité des pièces récupérées me semblait limitante. C’est tout de même agréable de pouvoir discuter avec d’autres artisans! Un autre point qui revient régulièrement dans les discussions est la difficulté de visibilité, la dépendance envers les réseaux sociaux en grande partie…


Le nouvel air

Pour finir le tour d’horizon de l’Atelier Rebié, j’ai rejoint courant 2022 la campagne commingeoise, aux pieds des Pyrénées et dans la maison familiale. L’espace de travail y est plus grand, le terrain de jeu cycliste plus diversifié et avec une perspective du vélo différente qu’en région bordelaise. Mais aussi des activités annexes plus proches de celles auxquelles je voulais m’adonner en ce moment : potager, randonnée, cueillette et brassage amateur, tout ça à un rythme différent de celui de la ville. J’aborde 2022 et la suite comme je l’ai fait jusque-là : de nouvelles collaborations, de nouveaux projets dans le vélo et à côté, en cohérence avec mes envies et mes activités.

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